L’acquisition d’un bien immobilier, qui nécessite obligatoirement l’intervention d’un notaire pour être constatée par un acte authentique, est jalonnée d’étapes cruciales. Nous en savons quelque chose chez Idéal Profession Libérale. Parmi elles, la signature de l’avant-contrat — qu’il s’agisse d’un compromis ou d’une promesse de vente — marque un engagement fort entre le vendeur et l’acquéreur. C’est à ce moment précis que le concept de séquestre notarié entre en jeu.
Séquestre chez le notaire : décryptage d'une garantie essentielle lors de l'achat immobilier
Bien plus qu’un simple acompte, le séquestre représente une garantie financière visant à sécuriser la transaction immobilière pour les deux parties. Déposée par l’acheteur, cette somme est provisoirement bloquée chez le notaire (ou parfois l’agent immobilier), attestant de la volonté réelle et du sérieux de l’acquéreur dans son engagement. Ce mécanisme est essentiel pour comprendre les rouages de la vente et les obligations financières de l’acheteur au moment de l’avant-contrat.
Mais qu’est-ce donc le séquestre notarié ?
Le séquestre est une somme d’argent versée par l’acheteur potentiel au vendeur lors de la signature de l’avant-contrat. Cette somme agit comme une avance sur le prix d’achat. Elle est communément appelée « indemnité d’immobilisation » ou « dépôt de garantie ».
Le rôle principal de ce versement est de rassurer le vendeur. En contrepartie de l’immobilisation de son bien, le vendeur obtient la preuve tangible de l’engagement de l’acheteur. Dès le jour de la signature du compromis ou de la promesse de vente, cette somme est encaissée.
Le dépositaire des fonds
Dans la majorité des cas, le notaire est le dépositaire de cette somme. Alternativement, un agent immobilier peut également être désigné comme séquestre, déposant alors les fonds sur un compte dédié. Lorsque le notaire est en charge du séquestre, la somme est sécurisée sur un compte de la Caisse des dépôts et consignations, assurant ainsi une transparence totale et la garantie que le vendeur n’y a pas accès tant que la vente n’est pas confirmée ou que l’acheteur ne s’est pas désisté.
Il est important de noter qu’il est interdit au vendeur de recevoir ou d’exiger directement l’argent de l’acheteur. S’il le faisait, il risquerait une amende de 30 000 euros (selon l’article L 271-2 du CCH). L’acheteur doit donc prévoir de libérer les fonds dédiés au moment de la signature de l’avant-contrat.
Le cadre d’application : usage et négociabilité du montant
L’une des particularités fondamentales du séquestre est qu’il n’est, dans le cadre d’une vente classique, pas une obligation légale systématique. En effet, une transaction peut tout à fait se faire sans ce versement.
Toutefois, le séquestre est devenu une norme d’usage extrêmement courante et fréquente. Il est d’usage que le vendeur en demande un. Cette pratique est si ancrée que le vendeur pourrait s’étonner d’un refus de l’acheteur.
Montant du séquestre : une somme négociable
Puisque le séquestre n’est généralement pas obligatoire, son montant n’est pas réglementé par la loi. Il doit donc faire l’objet d’un accord entre le vendeur et l’acquéreur, non seulement sur le principe de son versement, mais aussi sur sa valeur.
Bien que le montant soit censé être librement fixé par les parties, l’usage a établi une fourchette standard. En pratique, le montant du séquestre se situe généralement entre 5 % et 10 % du prix de vente total du bien immobilier.
L’acquéreur a la possibilité, dans la mesure du raisonnable, de négocier avec le vendeur la somme à verser au titre des garanties. Cette négociation a lieu souvent lors de la rédaction du compromis de vente. Cependant, rien ne garantit que le vendeur sera conciliant sur ce point.
Les frais associés
Le versement de cette somme génère des frais de séquestre. Sauf accord contraire expressément stipulé dans le compromis, ces frais sont à la charge de l’acquéreur. Ils sont généralement inclus dans l’ensemble des frais de notaire que l’acheteur doit régler.
Les exceptions : quand le séquestre devient obligatoire
Si la pratique du séquestre repose largement sur l’usage dans les ventes classiques, il existe deux situations spécifiques où le dépôt de garantie devient une obligation légale :
- La vente en l’état futur d’achèvement (VEFA) : Dans ce cas, un séquestre est requis, dont le montant varie de 2 % à 5 % du prix prévisionnel, en fonction du délai de livraison.
- La promesse de vente longue durée : Si la durée de la vente excède 18 mois, la loi impose un acompte minimal de 5 % du montant total de la transaction.
Le sort des fonds séquestrés : garantie, acompte ou indemnité ?
Le rôle du séquestre évolue en fonction de l’issue de la transaction, pouvant prendre trois formes distinctes :
1. Rôle d’acompte (si la vente est réalisée)
Si la vente aboutit à sa conclusion définitive, le séquestre est alors considéré comme un acompte. Il vient en déduction du prix total de vente. L’acheteur ne paiera ainsi que le solde (soit 90 % à 95 % du prix) lors de la signature de l’acte authentique.
2. Rôle de dépôt de garantie (si la vente échoue pour raison valable)
Le séquestre agit comme un dépôt de garantie si l’avant-contrat est annulé en raison de la non-réalisation d’une condition suspensive.
La clause suspensive la plus fréquente concerne l’obtention du prêt immobilier. Si l’acquéreur justifie de refus de prêt dans le délai imparti par le contrat, ou si une autre condition suspensive (comme l’absence de servitude ou de préemption) n’est pas remplie, l’acheteur est autorisé à annuler la transaction sans frais et peut récupérer l’intégralité du séquestre.
3. Rôle d’indemnité d’immobilisation (si rétractation non valable)
Si la vente n’aboutit pas suite à la défaillance de l’acquéreur, c’est-à-dire s’il se rétracte sans pouvoir invoquer une clause suspensive ou s’il change d’avis en dehors du délai légal de rétractation, le séquestre est alors conservé par le vendeur à titre d’indemnité d’immobilisation. Cette somme sert à dédommager le vendeur pour avoir immobilisé son bien pendant plusieurs mois, ce qui l’a empêché de le proposer à d’autres acheteurs.
Restitution du séquestre : délais et conditions
La restitution des fonds séquestrés dépend strictement des raisons pour lesquelles la transaction est annulée :
Droit de rétractation (délai légal)
L’acheteur non professionnel d’un bien immobilier à usage d’habitation dispose d’un délai de rétractation de 10 jours après la signature de la promesse ou du compromis de vente. S’il exerce son droit de rétractation dans ce délai, le notaire est tenu de lui restituer le séquestre intégralement et sans pénalité.
Le délai maximal pour cette restitution est de 21 jours. (Il est à noter que d’autres sources plus anciennes évoquent un délai de réflexion de 7 jours).
Échec des conditions suspensives
Si la vente est annulée parce qu’une condition suspensive n’a pas été remplie (par exemple, refus de prêt), l’acheteur se voit également rembourser immédiatement. Une fois l’annulation officialisée et les parties d’accord, le délai de restitution est généralement rapide, prenant environ 15 à 30 jours.
Annulation d’un commun accord
Si les deux parties conviennent d’annuler la vente sans litige, le notaire peut restituer les fonds dans un délai de 15 à 30 jours après la signature de l’acte d’annulation.
En cas de litige
Si l’échec de la vente résulte d’un différend ou d’une défaillance de l’une des parties, la situation se complexifie. Le notaire peut être amené à retenir le séquestre jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé entre le vendeur et l’acquéreur, ou qu’une décision judiciaire définitive soit rendue. Dans ce cas, il n’existe pas de délai strict de restitution, car tout dépend de la résolution du conflit.
Dans les faits
L’usage dans les grandes villes sur les biens à plus de 500 000 euros est très souvent le suivant : l’acquéreur va s’engager sur un séquestre à 10% mais va payer uniquement 5%.
En cas de remboursement du séquestre, le notaire débloque les 5% et l’acquéreur devra rembourser les 5% autres (pour arriver à 10%). Cependant, cela est susceptible d’entraîner une procédure juridique avec des frais supplémentaires et un délai plus long pour toucher la somme en cas de non-paiement de l’acquéreur.
Ainsi, de nombreux notaires demandent une prorogation du délai de signature pour leurs clients acquéreurs lorsque l’obtention du prêt s’avère difficile. Cette demande de faire durer au-delà de la date d’expiration fixée, formalisée par un avenant au compromis de vente, permet à l’acquéreur de disposer de plus de temps pour obtenir son financement, de rester couvert par la clause suspensive et ainsi d’éviter la perte du séquestre.
Ainsi, le séquestre chez le notaire, qu’il soit désigné comme indemnité d’immobilisation ou dépôt de garantie, est un mécanisme de sécurisation financière incontournable de l’achat immobilier. Bien que le versement ne soit pas obligatoire dans la majorité des cas, il est fortement ancré dans les usages professionnels. Son montant, traditionnellement établi entre 5 % et 10 % du prix de vente, reste négociable entre les parties. En comprenant le rôle de garant qu’il confère, l’acquéreur s’assure non seulement du sérieux de sa démarche, mais aussi de la protection de ses fonds tant que les conditions suspensives n’ont pas été levées.
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Thomas Borel
Thomas est le spécialiste de l’actualité immobilière chez Idéal Profession Libérale
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